On peut se demander ce que devient ce film hollywoodien sur l'Afghanistan où Sylvester Stalone, Rambo, s'est lancé, dans une équipée chevaleresque, aux côtés des moudjahidine con-tre l'armée soviétique. Dans la foulée, on doit aussi se demander ce que sont devenus tous ces reportages larmoyants qui faisaient de cette terre meurtrie le Vietnam de l'URSS. C'était du temps où l'on pouvait aller chercher un PHD aux Etats-Unis et revenir transformé par la ferveur religieuse pour combattre les régimes «impies», que se fabriquaient des images, toutes dédiées à légitimer et à glorifier le djihad armé. Ces bandes filmées seraient très instructives pour les moins de 30 ans. En les visionnant, ils pourraient se faire une religion sur l'inversion actuelle des choses, où l'allié d'hier devient l'ennemi global d'aujourd'hui.
Ils pourraient comprendre l'origine de la burqa londonienne ou parisienne. Ils pourraient regarder, autour, le monde et ce qu'il est devenu. Ils pourraient découvrir le fil des événements, qui ont conduit Rambo à revenir en Afghanistan refaire la guerre à son propre compte. Ils pourraient faire cela, parce qu'ils se sentiront obligés de chercher le lien qui mène de là à là et ils le trouveront. Mais ces films-là ont disparu de tous les écrans, ils ont fait l'œuvre à laquelle ils étaient destinés et ne pourront resservir qu'aux historiens, quand tout sera fini et que le rideau sera tombé sur la fresque. L'actualité étant encore à se servir du contre-feu, antisoviétique, tant qu'il est actif, pour refaire le monde. Beaucoup de travail reste à réaliser, car tout n'est pas encore joué et puis le Terrorisme (formulation opérationnelle de la nouvelle menace) permet encore, comme prétexte, de détruire des pays, en toute légalité, et de pousser les autres à se mettre en rangs serrés sous la bannière du nouvel ordre international.
Les desperados du Sahel, à l'échelle de ce qui se joue, sont, sans le savoir, les figurants d'une pièce que les scénaristes ont montée il y a fort longtemps. Ils sont mus par la force d'inertie d'un mouvement qui échappe à leur entendement, ils sont, soit encore sous l'emprise de l'inéluctabilité du règne de leur idéal, soit sur la pente du non-retour, aigris et vengeurs. Dans tous les cas de figure, ils sont prêts à tout pour ne rien lâcher. Sûrs de leur bon droit, ils peuvent égorger ou mutiler sans remords des innocents, surtout qu'ils n'ont plus de compte à rendre à quiconque.
Ce qu'ils ont appris a été labellisé et vulgarisé à l'extrême, quand l'anticommunisme pouvait justifier tous les outrages à la raison. L'arsenal propagandiste, soutenu par le nec plus ultra de la technologie étatsunienne, n'a laissé, dans leurs conceptions des choses, aucune place à la rationalité. Ils sont ce qu'on a voulu qu'ils soient, des illuminés, convaincus de détenir la Vérité et capables, de ce fait même, de s'auto-absoudre. On peut, alors, à souhait les combattre, les réduire au nom de ce qu'on a tout fait pour les empêcher d'y accéder. Au nom des droits de l'homme et de l'intelligence. Cette intelligence qui a été et est toujours combattue et que certains, envers et malgré tout, tentent inlassablement d'éveiller. Parmi ceux-là, Nesrine et Yasmine Briki, auteure et illustratrice, ont décidé de se lancer dans la passionnante aventure, de distraire les enfants en les immergeant dans les secrets de l'Univers. Elles ont concocté un album illustré sur les origines de notre monde. «Tom l'Atome et le Big-bang» en est le titre. C'est autour d'une métaphore à la portée des 5 à 12 ans que ce conte fait du merveilleux à partir des données rigoureuses de la science. A ce propos, notre ministère de l'Education nationale serait bien inspiré de faire œuvre utile, en faisant d'une pierre trois coups. Encourager la lecture chez les élèves, leur ouvrir les yeux sur les sciences, encourager la création et l'édition dans ce type de littérature. Rendez-vous est pris pour la prochaine rentrée scolaire ou pour le prochain Salon du Livre. Sinon le ministère de la Culture pourrait trouver là l'occasion de renforcer sa vocation, en aidant le MEN dans l'opération d'acquisition du conte. Sinon, les Associations de parents d'élèves trouveront bien un peu d'argent chez ceux qui en ont.
Par Ahmed Halfaoui